Plan loup 2024 (2 dépôts car 7 questions au maximum par interpellation)

La saison d’alpage 2023 est arrivée à son terme. La problématique de la gestion du loup est toujours d’actualité par suite des prises de position de la Confédération de cet automne.

Les propos tenus sous le coup de l’émotion lors de l’heure des questions du parlement sont parfois surprenants.

Lorsque le milieu agricole utilise l’argumentation « recevoir de l’argent pour donner à manger au loup » me surprend.

Je ne sais pas s’il faut comprendre que le secteur agricole ne veut plus de subventions pour être reconnu dans son travail ou s’il ne désire plus prendre de risques d’entrepreneurs !

Il est important de se remémorer que les entreprises ont toujours des pertes de l’ordre de 10% dans tous les projets à réaliser, sans tenir compte des sommes investies pour la recherche et le développement qui sont justement un laboratoire. Par rapport aux privés, il faut considérer que cette recherche et ce développement sont financés principalement par l’Etat au sens large du terme.

Si nous pouvons comprendre le sentiment, traduit de manière exagérée par le milieu agricole, force est d’admettre que l’Homme est parfois un loup se nourrissant du 90% du cheptel subventionné élevé avec tendresse par les entrepreneurs.

Les attaques de loup génèrent le 3% des causes de la mort du jeune bétail. Admettez que ce chiffre relativise considérablement le ressenti de la problématique du loup.

Il n’est cependant pas inutile, voire indispensable, de trouver des solutions face aux ressentis du milieu agricole sur la cohabitation avec les grands prédateurs.

La Confédération s’y emploie puisqu’en 2024, il y aura l’introduction d’une nouvelle mesure d’aide à la problématique des grands prédateurs. Le plan d’action vaudois de 2023 y faisait mention. En voici la teneur :

En attendant les conclusions des observations de terrain, le paquet d’ordonnances 2023 du Conseil fédéral prévoit une modification de l’ordonnance sur les paiements directs qui augmentent de CHF 250. –/pâquier normal PN ainsi que le soutien fédéral pour les jeunes bovins de moins d’une année qui sont protégés.

Cette mesure, qui devrait entrer en vigueur en 2024, avec les compléments de soutien cantonaux pour les parcs de protection, va modifier le comportement des amodiateurs.

Si nous prenons l’argumentation énoncée en plénum « argent implique nourriture pour les loups », la politique agricole fédérale est contraire à l’argumentation utilisée par le milieu agricole du parlement vaudois. La destination de l’argent pour la reconnaissance du travail effectué par les agriculteurs n’est pas reconnue. Le lobby agricole de l’assemblée fédérale s’est donc contenté de ces montants et estimant que ce n’est mieux que rien.

Faut-il se battre au niveau national pour obtenir une reconnaissance de ce travail autrement que par l’argent ! Déposer une motion demandant le retrait de cette mesure des 250 CHF par PN ?

Nous ne sommes pas à cet échelon politique permettant de répondre à cette question.

En revanche, si nous admettons que cette augmentation de paiement direct est un moyen adapté aux effets des grands prédateurs, il reste le dernier paragraphe du message fédéral, soit un complément de soutien cantonal pour les parcs de protection.

Ainsi ai-je l’honneur de poser les questions suivantes au gouvernement :

  1. Est-ce que le canton a prévu un complément de soutien financier comme incité par la Confédération pour 2024 pour les exploitations d’estivage et à l’année ?
  2. Quelles seront les règles fixées pour que l’amodiataire ou l’exploitant, touche les montants cantonaux alloués, en fonction des objectifs de la Confédération pour 2024 ?
  3. Est-ce que la somme de 250 CHF/PN, accordée par la Confédération, est fonction du port autorisé de l’alpage ?
  4. Est-ce que la somme fédérale est versée est fonction du nombre de PN des jeunes bovins ou autres animaux de rente, protégés sur l’alpage ?
  5. Est-ce que le montant de 250 CHF/PN, accordé par la Confédération, est une forme d’indemnité de reconnaissance du travail de l’agriculteur par une participation aux salaires des bergers, propriétaires fonciers ou amodiataires pour le temps consacré à la création des parcs de protection ?
  6. Si ce n’est pas le cas et que les 250 CHF/PN sont une indemnisation à l’équipement des parcs de protection, est-il envisagé de financer une partie du salaire des bergers, propriétaires fonciers et amodiataires selon le tarif agricole de la corporation agricole ?
  7. Si le plan d’actions loup 2024 est rendu public vers mai 2024, pour quelles raisons, si nous suivons le raisonnement de certains députés, la Direction générale de l’agriculture, de la viticulture et des affaires vétérinaires ne s’est pas manifestée dans l’élaboration du budget 2024 afin de proposer, comme la Confédération l’incite, des compléments cantonaux pour les parcs de protection ou autres mesures novatrices des exploitations à l’année ou d’estivage ?
  8. Comment le Conseil d’Etat entend donner suite à cette mesure du plan d’action Loup 2023 : « Soutenir les réflexions sur les évolutions structurelles possibles concernant l’économie alpestre ». Il indique notamment avoir relevé l’âge et la composition des troupeaux prédatés. Quelles conclusions ressortent de cette analyse ?
  9. Est-ce que le Canton utilise tout le potentiel financier mis à disposition par la Confédération pour la protection des troupeaux ?

 


Développement (prise de paroles avec introduction habituelle)

Lors de chaque dépôt concernant le loup, le côté émotionnel et les propos parodiques aveuglent la vraie problématique de la cohabitation des espèces.

Je comprends le ressenti du milieu agricole se sentant vilipendé. Il faut relativiser et être cohérent. Les attaques de loup génèrent 3% des causes de mort du jeune bétail.

La Confédération veille à la problématique et accorde des sommes importantes à ce secteur. Le plan loup 2023 a été introduit et devait être analysé. Sans aucun résultat communiqué à ce jour me semble-t-il.

Il ne suffit pas d’attendre que les bêtes soient de nouveau en estivage afin de publier le plan loup 2024 !

Je ne vais pas lire toutes les questions des interpellations, permettez-moi d’aller directement à la conclusion en résumant les 9 questions de détail en:

Pour 2024, quelles sont les visions du Canton afin de :

  • respecter les sollicitations fédérales 2023 incitant le Canton à mettre en place des aides complémentaires au plan loup,
  • communiquer les analyses effectuées et
  • expliquer les financements des dispositifs cantonaux retenus, non pas pour des études ou des consultants, mais pour les bergers,  amodiataires.

Voici 16 ans que le loup a repassé les frontières du canton de Vaud. Pour mémoire, la justification de la réintroduction du loup, était de « réguler les populations de cervidés, de lynx et de sangliers. Il devait permettre d’éviter des dégâts sur la végétation, les forêts, les cultures ». Ce que l’ensemble des partenaires soutenaient ardemment.

De manière factuelle pour l’éleveur, le bétail estivé et/ou de montagne, représente une valeur financière importante en termes de paiement direct fédéral.

Comment sont utilisées ces sommes ?

Concentrons-nous sur les mesures pragmatiques de la protection des troupeaux et économiques, afin de démontrer que ces 250 CHF par pâquier normal ne couvrent pas les heures des travaux des bergers, amodiataires en fonction des charges financières non prises en considération par les subventions fédérales spéciales « loup ». Si cette somme est cohérente avec les analyses effectuées, ne sommes-nous pas dans le cas d’un arrosage, non pertinent de la manne fédérale, ce qui irrite parfois une partie du plénum pour d’autres politiques d’aide à la population ?

En résumé, c’est la quadrature du cercle car nous n’anticipons pas. Le but des interpellations déposées ce jour, consiste à percevoir la ligne politique du Conseil d’Etat entre anticipation ou espérance d’une gestion de la situation à l’emporte-pièce en fonction de la vox populi.

Merci de votre attention.

27.11.23